Imaginez une boîte cartonnée de de 20 cm de profondeur, et des fiches. De 1997 à 2002, Fabienne Yvert a rédigé sur ces 262 fiches recto/verso des textes qu’elle envoyait tous les mois à quelques abonnés, qui remplissaient la boîte. Certains répondaient, d’autres non. Une fois que la boîte fut remplie, elle s’est arrêtée.
Voici ces fiches, compilées, réorganisées, dans un ordre chronologique pas toujours orthodoxe. Lettres d’amis, recettes de cuisine, aphorismes, sensations … entre journal de bord et carnet de route, ce livre trahit une vie aventureuse, telle qu’on peut la tenter aujourd’hui.
Télescopages… rarement titre aura été si bien choisi. Les télescopages, ce sont ceux de ces idées égrénées au fil des pages par Fabienne Yvert. Respectant les jeux typographiques de l’auteur, les dessins, les images, les gravues, le livre tient tout à la fois du carnet de bord, du journal intime, et du recueil de pensées. Ovni littéraire, livre inclassable, Télescopages est de ceux qui, quoi qu’il arrive, redonnent le sourire.
Au fil des pages se dessine le portrait en creux de l’auteur, errant entre Paris, Le Havre (la brume et les champs normands à perte de vue) et Marseille (le soleil, la mer, et les problèmes d’eau). On découvre les joies et les aléas de la vie dans un cabanon dans une calanque, les hasards du voisinage, les démêlés avec les uns et les autres. Entre inventaires à la Prévert, recettes utiles, remarques pleines de bon-sens, observations minuscules et pensée aussi poétiques que philosophiques, Fabienne Yvert propose une balade facétieuse dans son univers, qui tient à la fois de l’art de vivre et de la philosophie.
Boîte à musique, boîte à malices, à merveilles, le livre séduit par cet assemblage un peu disparate, mais chatoyant et très agréable à consulter. On peut picorer les pensées, ou bien les lire en suivant scrupuleusement l’ordre ; à chacun de se faire son parcours, dans celui de l’auteur. C’est là un des grands intérêts de l’ouvrage, qui n’oblige pas à une lecture linéaire, mais plutôt à une lecture-découverte, favorisée par les variations typographiques et chromatiques.
Le tout perd un peu de sa belle énergie dans la seconde partie, et fait ressentir l’envie d’avoir, sous la main, la fameuse boîte. Mais l’humour est toujours présent, ce qui rend l’ensemble aussi enthousiaste qu’enthousiasmant. Alors n’hésitez plus, foncez à la découverte de ces miscellanées pleines de fraîcheur et d’humour, agréablement illustrées, et qui véhiculent une énergie fantastique!
Télescopages, Fabienne Yvert. Attila, 2010, 224 p. O.L.N.I. : objet littéraire non identifié; littérature contemporaine.
9/10
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